À voir : « Abstract, l’Art du Design » sur Netflix

Forcément, en cette période de confinement, chez Kaligram, on travaille d’arrache-pied sur de nouveaux projets de formation. Mais ! On prend aussi le temps de souffler ! Et comme tout le monde, je suis allé sur Netflix regarder une série que j’avais mise de côté, appelée « Abstract, l’Art du Design ». Et deux épisodes ont un regard direct sur le monde du graphisme et de la communication. Celui dédié à Paula Schrer dans la saison 1, spécialisée en identité visuelle et le second dédié à Jonathan Hoefler, spécialisé en police typographique. Alors, ça donne quoi ?
À noter, les extraits de l’article sont en VO pure (car seuls disponibles sur Youtube) mais la série est bien évidemment sous-titrée en français.

ABSTRACT – PAULA SCHER, LA SPÉCIALISTE DES IDENTITÉS VISUELLES.

Son nom ne vous dira peut-être rien mais elle est une référence de la communication ! Travaillant à New-York, elle fait partie de l’agence Pentagram qui a bossé sur quelques unes des plus importantes identités visuelles de la grande pomme. Jetez un œil à son Behance pour vous en convaincre. Je ne veux pas trop dévoiler le contenu de ces épisodes car ils fourmillent de bonnes informations. Autant, j’avoue ne pas avoir trop apprécié l’épisode dédié au photographe Platon, autant, j’ai trouvé Scher très terre-à-terre. Et si vous êtes attentifs, vous pourrez capter pas mal de petits conseils qu’il est toujours bon de rappeler. Ne pas hésiter à s’éloigner de l’écran quand on cherche l’inspiration, créer, c’est s’amuser, etc… Mais le point le plus fort et souvent repris à juste titre est très certainement ce que l’on peut attendre d’une réunion. Voyez plutôt.

Ainsi, la spécialiste explique quand il vous faut mettre fin à une présentation client car les attentes montent et descendent à vitesse grand V. Et il est facile de faire plonger le ressenti de votre travail au gré des remarques. Je suis sympa, je vous le traduis.

L’épisode d’Abstract permet de voir à quel point on peut s’amuser en graphisme dès lors que l’on donne du sens à son travail. À titre d’exemple, les recherches du logo autour du Pier 55 sont assez parlantes. S’inspirant à la fois de la forme du théâtre plein air que l’on y trouve ou encore du fait qu’il soit sur pilotis.

Lors d’une autre interview signée Adobe, on demanda à Paula quel conseil donner à un graphiste débutant souhaitant s’améliorer :

« Je pense que le meilleur message est d’aimer ce que vous faites et de rester positif. Quand vous démarrez, vous allez faire beaucoup d’erreurs (ndr : tellement vrai), mais ces accidents vont aussi vous permettre de faire des découvertes. Et plus vieillissez et plus vous finissez par reconnaitre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas mais en même temps, on finit par se modérer. Quand vous commencez, vous n’y êtes pas confronté. Vous pouvez faire ce que vous voulez et c’est de là que viennent les choses les plus créatives. Donc vous devez vraiment apprécier ce que vous faites et vous y tenir pour vous les approprier. Vous aurez de mauvaises journées et de mauvais clients mais le monde du graphisme s’améliore d’année en année, que ce soit par les technologies ou les personnes qui y travaillent. »

Travail de Paula pour le Public Theatre.

Cela fait terriblement écho aux conseils que l’on donne à nos propres stagiaires nous disant que « le graphisme, ça ne s’apprend pas, on l’a ou on ne l’a pas ». Non, ça se travaille ! Même si certains peuvent être doués de certains talents, ce serait omettre le travail aussi fourni en amont. C’est une culture que vous vous créez. Comme on construit sa propre culture musicale en écoutant NRJ. Ou en lisant un sympathique site web de musique tout rouge dédié au rock. Cela n’empêche pas de travailler son propre univers ! C’est d’ailleurs une chose très recherchée pour le domaine de l’illustration. Et quand on devient plus expérimenté, le problème est ailleurs. La frustration venant du fait que plus on en sait, plus les réponses aux questions deviennent compliquées à obtenir. Mais c’est un autre problème.

JONATHAN HOEFLER, SPÉCIALISTE DE LA TYPOGRAPHIE.

Halala, venant de moi qui ai pondu un billet CONTRE l’usage de la police de caractères Comic Sans qui nous aura valu des insultes ou encore des recopies URL  pour bénéficier de notre référencement (si, si, je vous jure), cet épisode Abstract a été un régal ! Et en plus, il fait très logiquement sens avec Paula Scher puisque les deux évoluent à New-York. Et surtout, la typographie est intimement liée à l’identité des marques, preuve en est, l’épisode Abstract de Paula commence par… une ode au subtil art de la typogaphie :

Jonathan Hoefler, c’est donc l’homme invisible que vous connaissez sans même le savoir. Il a créé des polices typographiques que vous croisez au quotidien et qui ont aussi marqué leur époque. Comme la Gotham qui était utilisée pour la campagne d’élection (« Hope ») de Barack Obama ou encore la Knockout que l’on retrouvait sur le magazine RollingStone (ou encore pour l’identité du Public Theatre de New-York signée… Paula Scher !)

Quand la Gotham se démultiplie.

 

J’avoue qu’au début de ma carrière, seule l’image, les formes, les couleurs m’intéressaient. Mais avec le temps, j’ai appris à apprécier les subtilités de la typographie. À un point que je n’imaginais pas ! Alors voir ce maitre de la typographie, à l’œuvre, pour créer une police, inspirée des montres anciennes et la réadapter à un contexte actuel. C’est excessivement intéressant et rappelle à quel point, le choix d’une typographie, résonne plus profondément avec nos émotions et notre perception derrière la représentation d’un mot. Désolé, il n’y a pas d’extraits sur Youtube autres que la bande-annonce . Par contre, Jonathan partage (en anglais, désolé) les coulisses de son intervention dans l’émission Abstract.

En tout cas, le graphiste fait une très bonne analyse de l’évolution de son métier. Où l’on part d’une incompréhension du métier de typographe pour le grand public à l’évocation du traumatisme plus général qu’était le film Avatar utilisant la basique police Papyrus (digne de la Comic Sans si vous voulez mon avis). Une police de base malgré un budget colossal et ayant inspiré un épisode du Saturday Night Live avec un Ryan Gosling désespéré par cette horreur visuelle.

Encore une fois, je ne veux pas trop en dire sur ces épisodes mais je ne peux que vous les recommander, si vous vous intéressez un minimum au domaine du graphisme. C’est excessivement bien réalisé et expliqué ! Vous verrez quand Hoefler parle des subtilités d’une police (avec des mots comme ligature, approche ou encore empattement). Vous verrez aussi de nombreux effets optiques utilisés pour garantir l’équilibre visuel des polices. Un régal, je vous dis !

D’ailleurs, je vous encourage aussi vivement à jeter un œil sur le site de son entreprise Discover.Typography qui joue avec les polices créées par son équipe. C’est beau, c’est coloré, c’est contextualisé visuellement. Pour l’anecdote, c’est d’ailleurs ce même Jonathan qui a acheté le nom de domaine Typography. com, rassurant de penser que derrière ce nom de domaine se trouve un orfèvre .

Discovery.Typography

Pour finir, je nuancerais une seconde petite chose suite à mes échanges au bureau, j’entends souvent des stagiaires craindre de reproduire des éléments de langage visuels qui fonctionnent et que l’on aurait déjà vus ailleurs. En gros, ils ont peur de copier. Mais comme j’aime leur rappeler, les tendances, ce sont de grands noms qui les créent très souvent et à une échelle plus humble, savoir s’inspirer, adapter des combinaisons de couleurs ou une mise en page, des polices, demandera toujours un œil, une compétence, une sensibilité (et ça se travaille, je l’ai dit plus haut). Preuve en est, même Paula Scher aura inspiré de nombreux graphistes de New-York, qui n’hésiteront pas à emboiter son pas sur la campagne du Public Theatre, ce qui aura créé chez elle une gentille colère. Et si vous en doutez encore, jetez un oeil sur le site de Joe La Pompe qui pointe du doigt toutes ces campagnes de pub qui s’inspirent… d’autres campagnes de pub ! Donc soufflez et procédez par étape ! Avant d’être repéré par de grandes marques internationales, il faudra déjà affirmer votre œil et votre travail. Pour cela, regardez Abstract sur Netflix, créez, jouez, regardez ce qui se passe sur internet, sur Behance, sur Typography.com, Pinterest, etc…

C’est ça aussi la création, savoir regarder autour de soi pour se nourrir et créer sa propre identité. 😉

Si vous souhaitez discuter plus encore de tout cela avec nous ou autour des outils, n‘hésitez pas à consulter nos différentes formations (PAO/Vidéo) et nos dates si vous souhaitez vous former avec des graphistes professionnels, en activité et certifiés. 🙂

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